samedi 6 juin 2020

Regards

Les familles et moi échangeons souvent.
Je leur parle, pour la plupart, de choses difficiles.
Pas que, bien sûr, mais souvent.

Lorsque j'échange avec un proche, je l'observe.
L'inquiétude, le questionnement, la tristesse se lisent dans les yeux, ces miroirs, le reflet des émotions.
Alors parfois je m'échappent sur le reste du visage, le nez, la bouche  les joues. 
Les yeux, trop intimes pour moi parfois, me sondent, me demandent ce que je ne peux pas dire.

Mais depuis des semaines, le masque m'oblige à fixer le regard. Je n'ai plus d'échappatoire.
Je regarde l'intensité de tout ce qui se dit par les yeux et mes propres mots se bousculent et échouent dans le tissu bleu de mon masque.
Le regard me semble plus dense, plus bavard, plus demandeur, parfois suppliant.

J'ai croisé un regard plein de larmes cette semaine. Je connaissais bien le visage caché sous le tissu en coton.
Il y a eu peu de mot mais une main serrée.
Nos yeux se fixaient, les siens embués, les miens compatissants.

Cette fois-ci, le masque m'a sauvée des banalités. Je n'ai pas baissé les yeux. J'ai regardé ses larmes et serré sa main.


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