samedi 25 janvier 2020

De la chambre 01 à 12

Je vois ces coprs déformés, amaigris, ou ronds, des taches parfois rouges, parfois bleues, parfois blanches.
Un corps qui n'existe déjà plus. Un corps honteux pour certains, laid pour d'autres. Négligé ou oublié.
Un corps qui existe trop.
Trop lourd, trop lent, trop présent, trop douloureux.

Je vois ces visages parfois crispés, parfois fermés, comme invisible. Un visage envahis, exprimant l'incompréhension,  l'angoisse,  la tristesse, la douleur morale.

Mais aussi parfois des visages détendus, souriants, apaisés, en attente d'une finitude acceptée.

Et moi, je suis là, à la fois actrice et spectatrice, où il faut trouver des mots qui n'existent pas.
Je suis de celles qui soulagent et annoncent des mauvaises nouvelles.
Je suis de celles qui essaient d'apporter une image, une reprensatation de la mort acceptable.
Je suis de celles qui accompagnent, soignent, écoutent et acceptent la progression d'une vie raccourcie sans annoncer la fin que je connais déjà par coeur.

Je parle de déchéance et de mort mais dans ce temps hors du temps, dans cette "largeur du temps", la vie persiste, elle est là, intense, dense, un concentré de vie vivante que chacun créé, au fur et à mesure,  comme une scène théâtrale d'improvisation.

Ces âmes abîmés sont belles, courageuses et humbles. De l'humanité dans 12 chambres.
Et j'espère que je leur apporte autant qu'elles m'apportent.

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L'éthique de l'écriture