Blog tenu par une infirmière spécialisée en soins palliatifs et dans la grande vieillesse.
vendredi 31 janvier 2020
Parfois, nous pleurons
mardi 28 janvier 2020
La mort commune mais singulière
lundi 27 janvier 2020
Tant qu'on ne sait rien
Tant qu'on est de gentils petits chiens
Tant que la petite santé va bien
On n'est pas la queue d'un être humain
Tant qu'on ne sait pas le coup de frein
Qui vous brule à vif un jour de juin
Tant qu'on ne sait pas que tout s'éteint
On ne donne quasi jamais rien
Tant qu'on ne sait pas que tout éreinte
Tant qu'on ne sait pas ce qu'est la vraie crainte
Tant qu'on n'a jamais subi la feinte
Ou regardé pousser le lierre qui grimpe
Tant qu'on n'a pas vu le ciel d'étain
Flotter le cadavre d'un humain
Sur un fleuve nu comme un dessin
Juste un ou deux traits au fusain
C'est une chanson, une chanson
Pour les vieux cons
Comme moi, petite conne d'autrefois
C'est une chanson, une chanson,
Qui vient du fond, de moi
Comme un puits sombre et froid
Tant qu'on ne sait pas qu'on est heureux
Que là haut ce n'est pas toujours si bleu
Tant qu'on est dans son nuage de beuh
Qu'on ne se dit pas je veux le mieux
Tant qu'on n'a pas brulé le décors
Tant qu'on n'a pas toisé un jour la mort
Tant qu'on a quelqu'un qui vous sert fort
On tombe toujours un peu d'accord
C'est une chanson, une chanson
Pour les vieux cons
Comme toi, petit con d'autrefois
C'est une chanson, une chanson,
Qui vient du fond, de moi
Comme un puits sombre et froid
Tant qu'on ne sait pas ce qu'est la fuite
Et la honte que l'on sait qu'on mérite
Tant qu'on danse au bal de hypocrites
Qu'on n'a jamais plongé par la vitre
Tant qu'on n'a pas vu brûler son nid
EN quelques minutes à peine fini
Tant qu'on croit en toutes ces conneries
Qui finissent toutes par "Pour la vie"
samedi 25 janvier 2020
Un baiser
De la chambre 01 à 12
Je vois ces coprs déformés, amaigris, ou ronds, des taches parfois rouges, parfois bleues, parfois blanches.
Un corps qui n'existe déjà plus. Un corps honteux pour certains, laid pour d'autres. Négligé ou oublié.
Un corps qui existe trop.
Trop lourd, trop lent, trop présent, trop douloureux.
Je vois ces visages parfois crispés, parfois fermés, comme invisible. Un visage envahis, exprimant l'incompréhension, l'angoisse, la tristesse, la douleur morale.
Mais aussi parfois des visages détendus, souriants, apaisés, en attente d'une finitude acceptée.
Et moi, je suis là, à la fois actrice et spectatrice, où il faut trouver des mots qui n'existent pas.
Je suis de celles qui soulagent et annoncent des mauvaises nouvelles.
Je suis de celles qui essaient d'apporter une image, une reprensatation de la mort acceptable.
Je suis de celles qui accompagnent, soignent, écoutent et acceptent la progression d'une vie raccourcie sans annoncer la fin que je connais déjà par coeur.
Je parle de déchéance et de mort mais dans ce temps hors du temps, dans cette "largeur du temps", la vie persiste, elle est là, intense, dense, un concentré de vie vivante que chacun créé, au fur et à mesure, comme une scène théâtrale d'improvisation.
Ces âmes abîmés sont belles, courageuses et humbles. De l'humanité dans 12 chambres.
Et j'espère que je leur apporte autant qu'elles m'apportent.
jeudi 23 janvier 2020
Chambre 03.
-
En ces temps particuliers, je pense à certains de mes patients qui vont mourir seuls et à leur famille isolée, démunie, culpabil...
-
Les familles et moi échangeons souvent. Je leur parle, pour la plupart, de choses difficiles. Pas que, bien sûr, mais souvent. L...