dimanche 16 février 2020

Un air de printemps

Un dimanche mi février.
Je profite des premiers rayons de soleil d'un printemps trop précoce.
Je suis sur ma terrasse, je sens l'air encore frais d'un hiver paresseux en concurrence avec un soleil déjà presque chaud.
Le chant des oiseaux me ramène à une conversation avec une de mes patientes atteinte d'un cancer du pancréas métastasé.

La renaissance de la nature me fait penser au visage lumineux de cette femme.

Je pourrais la comparer à cette lumière, faveur du printemps, à l'aube de sa dernière ligne de vie.
Elle a fait le choix de ne pas se soigner, à quoi bon avec un cancer du pancréas ?

Elle est souriante et profite de l'instant présent.
Elle se réjouit d'un lever de soleil, de la lecture de son livre, de sa petite-fille née le 1er février.
Elle illumine sa chambre par sa gaité parfois teintée de larmes.
Des larmes de quitter les siens, des larmes d'une vie trop courte mais bien vécue.
Des larmes de faire vivre un nouveau deuil aux siens, 15 ans après la mort de son mari.

Mais des larmes souriantes, des larmes pleines de dignité et de respect.
Des larmes avec un sourire persistant, un sourire de force et de courage qui me font toute petite.

Elle est rentrée chez elle ce week-end, pour une dernière marche le long de l'océan.
Un de ses petits bonheurs de sa vie.
Sa luminosité va rencontrer celle du printemps. Je pense à elle, le visage éclairé par le vent et l'écume.
Son petit bonheur devient le mien.

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